Inscriptions
[merci à Gilles Thomas pour ses précieuses
explications]
Dans les Catacombes, le visiteur est frappé par les nombreuses
inscriptions qui ornent les galeries. Elles ont presque toutes été
placées par l'IGC dans le but de dâter, référencer,
orienter, situer des travaux de confortation. Nous en distinguerons six grands
types.
Les
inscriptions de confortation à dâtes :
Gravées à partir de 1777 sur les galeries de confortation,
elles portaient les informations suivantes : le numéro d'ordre de confortation,
l'initiale de l'inspecteur général en chef et l'année des
travaux. L'habitude de la lettre initiale est restée jusqu'au début
du XXème siècle. Ainsi l'inscription "2.G - 1780" indique
qu'il s'agit de la 2ème confortation de l'année 1780 sous Guillaumot.Ces
inscriptions racontent donc l'histoire des carrières en indiquant par
leur initiale les différents inspecteurs qui se succédèrent
à la tête de l'IGC.
Mais
la révolution marqua aussi les carrières : le calendrier révolutionnaire
fut adopté pour dâter les piliers, à partir de 1793 et jusqu'en
1805. Ainsi l'année 1805 en calendrier grégorien était
elle en calendrier républicain "an XIII" ; l'inscription "
IG . XIR" signifiait qu'il s'agissait de la première confortation
de Guillaumot de l'année 1803.
Signalons qu'il est des périodes où le nom de l'inspecteur des
carrières n'est pas indiqué. Le numéro de la confortation
peut égalment être dans certains cas remplacé par une lettre
alphabétique (ex.: la " D " ième confortation). Mais
le cas le plus fréquent est celui expliqué premièrement.
"pour aller plus loin" : En fait les premières confortations
royales furent entreprises sous Dupont (voir historique
de l'IGC), en 1776. Le réseau sous l'actuel hôpital Cochin
renferme quelques unes d'entre-elles ; seul le numéro de la confortation
y figure. Guillaumot, et avec lui la toute nouvelle IGC, arrive en 1777. Il
commence à numéroter (en chiffres romains) ses confortations.
Au cours de l'année 1778, par soucis de clarification, il décide
d'apposer l'année de la confortation, à côté de son
ordre. Les ouvriers graveurs seront alors chargés de rajouter l'année
sur les anciennes plaques (celles de 1777 et de la première moitier de
1778) ; mais ce rajout se fera bien souvent suivant une taille de caractère
différentes. Ce n'est vraiment qu'à partir de 1779 qu'il y aura
homogénéité (dans la taille et la police des caractères)
entre l'année et l'ordre de la confortation.
Le type de la numérotation des consolidations renseigne sur la nature
des travaux. Ainsi, dans le cas de murs en pierres sèches, c'est une
lettre qui tient lieu d'ordre. Par exemple " J G 1779 " correspondra
à la Jième confortation effectuée en pierres sèches
(sans joints) sous Guillaumot. Dans le cas de murs avec joints, c'est le système
chiffré qui mentionne l'ordre d'édification.
Les
noms de rues :
Des plaques de rues indiquent le nom de la rue de surface ainsi que son orientation.
Pour les plaques les plus anciennes, celles des 18 et début 19ème,
gravées à même la pierre, l'orientation prend les dénominations
de l'époque : "couchant" pour "ouest", "levant"
pour "est", "midi" pour "sud", le nord restant
inchangé. Il est fréquent qu'elles soient accompagnées
de fines flèches d'orientation.
Ces
inscriptions portent des noms de rue qui, parfois, n'existe plus aujourd'hui.
Ainsi la rue de Cuvier actuelle était à l'époque rue de
Seine.
Parfois même, les noms successifs se côtoient [cliquez
ici pour en voir un exemple].
Durant
la royauté (en 1783), il pouvait être apposé sur les plaques,
des fleurs de lys (plus de 200 furent ainsi sculptées). Enlevées
lors de la Révolution (en 1793), celles-ci sont aujourd'hui particulièrement
rares (seules 7 subistent dont 2 sous l'Hôpital Cochin).
De même la déchristianisation qui se produisit lors de cet épisode
fit perdre le mot "saint" aux noms des rues concernées. Par
la suite l'abréviation "ST" fut rajoutée.
Pour
être complet il faut signaler la présence de nombreuses plaques
de rues émaillées dâtant du XXème siècle :
il s'agit là de simples plaques métalliques peintes en blanc sur
un fond bleue vif.
Les
indications de nivellement :
Là aussi elles sont nombreuses et témoignent de la difficulté
pour nos ancêtres à passer à l'unité métrique
- noter la précision inutile de 4 chiffres derrière la virgule
sur la plaque ci-dessus !-. Elle correspond à la distance entre le trait
horizontal de galerie et la surface du sol à l'aplomb. En haut du trait
figure la distance en pieds, dessous celle en mètres. Ce type d'inscription
se rencontre fréquemment à la base des escaliers aménagés
par l'IGC ; elles dâtent pour la plupart de la fin du 18ème siècle.
Plus tard, entre 1840 et 1860, l'IGC utilisa un autre système de plaque
pour indiquer les profondeurs : la lettre du haut servait à référencer
la plaque (plus celle-ci était proche d'un puits de service, plus la
lettre était en début d'alphabet) ; le chiffre au dessus du trait
correspond à la profondeur par rapport à la surface ; celui du
bas indique la hauteur en mètres par rapport à un niveau d'étiage
de la Seine à Paris d'alors (concrètement il faut rajouter 25mètres
à ce chiffre pour avoir l'altitude par rapport à notre référentiel
méditerranéen actuel)
Localisation des fontis :
Parceque la mission essentielle de l'IGC était de localiser puis de consolider
les fontis, tout maçonnage de ce type était rigoureusement carté
et une inscription gravée à son emplacement. Ainsi une centaine
d'inscriptions indiquant la présence d'un fontis comblé et/ou
maçonné couvrent le réseau. Ici il s'agit d'un fontis sous
Denfert Rochereau comblé et maintenu par une voûte, travaux effectués
sous Héricart de Thury en 1826 ; la lettre "R" indique qu'il
s'agit d'un fontis Remblayé. La présence
d'une flèche verticale indique si il a été remblayé
par le bas ou par la surface.
Travaux divers IGC :
Plaques et inscriptions peuvent également indiquer la nature des travaux
effectués par l'IGC. Ainsi vers 1860 l'IGC avait elle l'habitude d'apposer
lors du percement d'une galerie latérale la mention évidente "galerie
de recherche".
Autre type de sondage, le sondage vertical : en certains endroits ou l'exploitation
des carrières s'était faîte sur deux niveaux, l'IGC prenait
la précaution de foncer des puits de sondage de 5 mètres de profondeur,
à la recherche d'excavations inférieures oubliées.
Ces puits, essentiellement situés sous Denfert, sont balisés pas
des plaques et portent la mention "puits de sondage".L'IGC a également
procédé au comblement d'anciens puits de service avec là
aussi l'apposition d'une plaque en relation.
Plaques
commémoratives :
Pour les grands travaux entrepris par l'IGC à la fin du 19ème
siècle et au début du 20 ème - construction du réservoir
à eau de Montsouris, consolidation du Métropolitain sous Montparnasse,
prolongement de la ligne du chemin de fer de Sceaux dans Paris, acqueduc de
la Vanne - l'IGC apposait une grande plaque commémorant ses travaux.
[Cliquez ici pour accéder à
la planche des différentes plaques commémoratives]
Directions,
localisation d'édifices :
Il y a toute une série d'inscriptions ne rentrant pas dans le cadre des
précédentes. Elles indiquent des directions d'escaliers, des lieux,
des monuments,...Beaucoup d'entre-elles servaient notamment à localiser
en leur aplomb les édifices de surface, comme par exemple celles situées
le long de la rue Saint-Jacques ou sous le Val-de-Grâce.
Fleurs de lys
Ces emblèmes de la royauté figuraient en l'aplomb des anciens édifices religieux. Ces gravures furent réalisées entre 1777 et 1782, sous l'égide de Guillaumot. Elles se trouvent principalement rue Saint-Jacques, là où étaient implantés de nombreux établissements religieux. En 1793, un décret de la Convention ordonna l'effacement des attributs de la royauté sur les monuments publics de Paris. Plus d'une centaine de ces fleurs de Lys furent ainsi buchés ou martelés par des ouvriers de l'IGC (souvent par ceux la même qui les avaient gravé). Sur les 200 d'origines seules quelques unes furent épargnées : soit car elles avaient été dissimulées sous de la glaise ; soit car la galerie avait été comblée entre-temps.
Techniques
de traçage des anciennes inscriptions :
On peut souvent observer à côté des inscriptions principales,
les restes des marques préparatoires à la gravure finale : des
marques fines noires, voire rouges. Certaines sont encore bien visible. Le responsable
passait et indiquait à l'ouvrier spécialisé l'endroit et
le contenu à sculpter ;
lorsque l'inscription était jugée correcte par le responsable,
celui-ci dessinait un dièse à côté au fusain.
Il est très rare de pouvoir observer des erreurs commises par le graveur
dans son travail. En voici ici une (niveau inférieur sous le cimetière
de Montparnasse).
Marques
et dessins inscrits par des visiteurs (parfois clandestins)
Ils sont ici d'un intéret majeur car omniprésents, anciens, historiques,
et témoignant de l'intense activité des lieux durant plus de deux
siècles. En voici une sélection de quelques-un d'entre les meilleurs.