Historique des visites de l'ossuaire de Denfert
L'ossuaire fut créé par mesure d'hygiène
publique. A l'origine et pendant la Révolution, les ossements furent
apportés précipitamment dans les Catacombes, car on tenait à
supprimer le plus rapidement possible les charniers qui empoisonnaient la capitale.
Les squelettes étaient ainsi jetés pêle mêle (ou enterrés
dans la chaux vive lorsque subsistait encore de la matière organique).
Seuls quelques visiteurs de marque comme le Comte d'Artois (futur roi Charles
X) visitèrent les lieux.
C'est grâce aux travaux d'aménagement d'Héricart de Thury,
sous le Premier Empire, que les premières visites publiques apparurent.
Le circuit comportait également une découverte des anciennes carrières
et des cabinets minéralogiques. En 1814, la
coalition alliés antibonapartiste, officiers en tête, descendirent
par l'escalier de la rue Dareau (actuel escalier de sortie), et parcoururent
toutes les galeries de l'ossuaire. Le 16 mai 1814, ce fut l'Empereur d'Autriche
qui put admirer les lieux.. Parmis les hôtes de marque citons : Napoléon
III en 1860, Bismarck en 1867, le futur Roi de Suède Oscar II.
C'est donc sous Héricart de Thury que débutèrent les visites
publiques. Elles obtinrent un succès énorme. Elles se renouvelèrent
à des intervalles éloignés et sur autorisation des ingénieurs,
puis sans autorisation et très fréquemment. L'itinéraire
n'était pas fixé et les visites étaient conduites par des
chefs d'ateliers de l'Inspection. Suite à des dégradations et
au nombre croissant de visiteurs égarés, les visites libres furent
interdites en 1830.
En 1832 et 1833, le Maire de Montrouge adressa au Préfet de Seine une
demande de réouverture des Catacombes. Ce dernier la rejeta en prétextant
le fait qu'exposer aux regards des visiteurs de tels amas d'ossements constituait
une profanation. Un peu plus tard, l'Administration autorisa 4 visites collectives
par an. En 1867, devant le flot des demandes, elles devinrent mensuelles, bimensuelles
à partir de 1874, puis eurent lieu les premiers et troisième samedi
de chaque mois.
Pendant la durée des Expositions Universelles de 1878, 1889, et 1900,
le public fut admis à visiter les Catacombes tous les samedis. Le nombre
annuel moyen des visiteurs était de 10000, 20003 en 1889, 18463 en 1900.
Les entrées étaient à demander par lettre à la Préfecture
de la Seine qui ne les refusait jamais. Le RDV était fixé à
12h45 devant le pavillon de droite de l'ancienne barrière de Denfert.
Un conducteur du service des carrières reçevait les cartes d'entrée
et comptait les personnes. Un autre gardien ouvrait la marche ; il était
assisté de gardiens de la Paix. La descente se faisait par un petit escalier
en colimaçon (il n'est plus utilisé depuis 1983).
Les visites passèrent à 4 par mois dans les années 1970.
Depuis 1983, les Catcombes sont devenues musée de la Ville de Paris et
la visite est désormais quotidienne, avec fermeture le lundi et les jours
fériés.
1) Le parcours sous Héricart de Thury
(1815)
Comme dit précédemment, les visites étaient encadrées
par des <<responsables>> de l'Inspection des Carrières et
comportait également une découverte des carrières et des
cabinets de curiosité.La descente se faisait par l"escalier en colimaçon
de la barrière Denfert ; on empruntait un court instant au nord le boulevard
Saint-Jacques, puis on bifurquait plein sud-ouest dans la galerie
confortée sous l'acqueduc d'Arcueil (Médicis). Un trait
noir en ciel de galerie matérialisait le parcourt. On s'enfonçait
alors vers le sud-est à travers des galeries tortueuses de carrier ;
au niveau de la rue de la Tombe-Issoire on descendait sud-ouest, puis ouest
pour atteindre la carrière en piliers tournés de Port-Mahon
(celle-ci ne comportait pas encore les piliers carrés de consolidation).
Après une visite des sculptures de Décure
et du Bain de pieds des carriers on rentrait dans l'ossuaire proprement dit
avec au programme, en plus du <<spectacle>> des ossements et monuments
associés, la visite de deux cabinets de curiosité : le premier,
dit de minéralogie, présentait aux visiteurs des échantillons
géologiques (roches, fossiles, minéraux) en rapport avec les carrières
de la capitale ; le deuxième, de pathologie, montrait toute une série
d'os trouvés dans l'ossuaire qui comportaient des déformations
(une sorte de petit musée des horreurs). On quittait l'ossuaire par l'avenue
Montsouris, direction sud, pour atteindre la galerie confortée sous l'acqueduc
d'Arcueil. On la poursuivait en direction du nord-ouest, puis vers le nord-est
en longeant l'Hospice de retraite de la Rochefoucault.
On rejoignait enfin le point de départ.
2) Parcours de visite sous Emile Gérard
(années 1900)
85 ans plus tard, le travail de l'Inspection des Carrières a considérablement
modifié les lieux. Les galeries d'inspection sous les voies publiques
se sont multipliées, facilitant grandement la progression des visiteurs.
L'aménagement de la rue Dareau (actuelle rue
Dumoncel) dans les années 1870, avec notamment la consolidation de 2
cloches de fontis de 12 mètres de hauteur, conduisait directement les
visiteurs vers l'escalier de sortie de la rue Dareau, après visite de
l'ossuaire.
La descente démarrait toujours à partir de l'escalier de la barrière
Denfert, mais cette fois on évitait le crochet de <<l'embarcadère
de la ligne de chemin de fer de Sceaux>> en allant directement vers l'Est
par des galeries aménagées dans la deuxième moitier du
19ème siècle. On empruntait l'avenue du Parc de Montsouris pour
atteindre la vieille galerie de l'acqueduc d'Arcueil,
pratiquement au niveau de l'Hospice de la Rochefoucauld. Après une transversale
Est, on rejoignait à nouveau l'avenue du Parc de Montsouris pour atteindre
les portes d'entrée de l'ossuaire. Je ne sais si les sculptures de Décure
et la carrière de Port-Mahon étaient au programme.
On visitait alors l'ossuaire proprement dit. Avant 1892, les objets que contenait
le cabinet minéralogique furent réunis à ceux du cabinet
pathologique pour former la Collection minéralogique et pathologique.
En 1892, le public n'était plus admis à visiter la collection
et, en 1908, un affaissement du ciel ruina ce cabinet qui fut dès lors
complètement désaffecté. La sortie de l'ossuaire se faisait,
comme dit précédemment, par la rue et l'escalier
Dareau.
3) Parcours de visite entre 1983 et 1994
En 1983, les Catacombes deviennent musée de la Ville de Paris. La visite
est désormais quasi-quotidienne (6 jours sur 7). Pour faire face à
ce flot de touristes, on décide de ne plus utliser le vieil escalier
de la barrière Denfert (trop exigüe), et on en construit un, plus
large, qui communique avec l'ancien abri de défense passive de l'IGC.
L'éclairage est installé, des barrages sont érigés
afin d'isoler le parcourt du reste des carrières. Les sculptures
de Décure et le Bain de pieds des carriers sont au programme. Le
parcourt est <<classique>> : arrivée à l'ossuaire
par l'avenue du Parc de Montsouris, sortie par la rue et l'escalier Dareau.
4) trajet depuis 1995
Il est le même qu'auparavant mis à part le fait que : les sculptures
de Décure et le Bain de pieds des carriers ne se visitent plus. Cliquez
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