Les
" caves carrières " de Sèvres
Le long de l'actuelle rue des Caves partent, par des entrées
en cavage, toute une série de petites carrières isolées.
Cette rue, une des plus anciennes de Sèvres, fut autrefois appelée
Chemin de Marly, rue de la Pointe, puis rue des Caves en raison de l'existence
de ces " carrières caves ", creusées dans la colline
derrière les maisons, et de " caves caveaux " sous la rue elle-même.
La prison des Célestins, seigneurs pour partie de Sèvres, occupait
l'un de ces caveaux.
La carrière qui nous intéresse est trappue et de petite dimension.
L'accès se fait par un escalier droit aménagé au sein d'une
entrée en cavage distante d'une dizaine de mètre de la rue ; une
voûte et des croisées en ogive y ont été façonnées
à l'aide de pierre de taille. On sait peu de chose sur l'histoire extractive
de cette carrière. Il s'agit apparemment d'une ancienne exploitation
en piliers tournés (deux d'entr'eux assurent d'ailleurs la stabilité
de la cavité) ; des fouilles récentes ont mis à jour une
hauteur de front de taille d'au moins 3,50 mètres. Des déchets
(de comblement ou d'exploitation) ont remonté le niveau du sol de 1,80
mètres. Sur ce sol reposent de massifs piliers à bras ; on ne
sait si ils sont relation avec cette exploitation ou si ils ont été
rajoutés plus tard pour sécuriser la cave. Il semble que cette
cave ait servit un temps de cave à charbon (présence sur le sol
d'une couche noire carbonée), et de lieu de stockage de bouteilles (présence
de vieilles bouteilles de dimensions variées).
L'une des grandes originalité du site est la présence d'une exurgence
située dans le fond de la carrière. Il s'agit là d'une
source de déversement : les eaux de pluie, précipitée sur
la colline, s'infiltrent à travers les premiers niveaux géologiques
et viennent butter sur une couche perméable (ici un petit niveau marneux)
; il se forme alors ce qu'on appelle une nappe phréatique ; celle-ci
s'écoule par pesanteur en surface de la couche imperméable et
ressort à ses extrémités (ici en fond de carrière).
Des aménagements d'âge inconnu ont été effectués
afin de : canalyser cette eau (vasque puis goutière entaillées
dans le calcaire), la filtrer ("bassin de décantation" carré
de 4m de côtés), alimenter un puits (tuyau enterré), et
pomper l'eau du puits à partir de la surface (tuyau de pompage). L'eau,
particulièrement incrustante, forme des dépôts carbonatés
tout le long de ce parcourt.
Autre petite curiosité, c'est la présence d'une dents de requin
d'1 cm de longueur en place dans le ciel de carrière.
Nous devons ici grandement féliciter le travail de l'OCRA,
cette association qui travaille depuis 1993 à la restauration de cette
cave carrière. Ils procédèrent notamment au nettoyage,
détagage, et déblaiement de la carrière ; ils finissent
actuellement l'installation d'un système d'éclairage électrique
et dégagent un ancien atelier de carrier (bloc avec traces de souchevage
et défermage). N'hésitez pas à les contacter.
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