" Puits Messagerie " (Cité U/ Gentilly/ RER B)
Ce réseau résulte des travaux de consolidation
des anciennes cavités d'exploitation qui souminaient l'ancienne voie
de chemin de fer de Sceaux (actuel RER B). En particulier, les terrains sous
la gare de Gentilly ont intensément été exploités
à partir du Moyen Âge par la méthode habituelle des piliers
tournés ; un procès-verbal rédigé sur ordre de Colbert
signalent à ce propos l'existance d'exploitations en banlieue (Montrouge,
Bagneux, Gentilly) dès le XIIIè siècle. Une ancienne entrée
en cavage, aujourd'hui comblée, se situent d'ailleurs à proximité
: au 65 de l'av. P.-V. Couturier, à Gentilly.
La structure de ce réseau est la suivante : une à trois
galeries d'inspection de direction N-O/ S-E ; elles traversent au nord d'anciennes
zones d'exploitation à hagues et bourrages (secteur de la Cité
Universitaire) ; au sud elles recoupent les anciennes carrières en piliers
tournés évoquées précédemment (secteur de
Gentilly). La communication entre ces deux zones est assurée par une
simple galerie de recherche entaillée dans la masse. Le développement
total du réseau avoisine les 800 à 1000 mètres. Toutes
les galeries sont maçonnées, excepté le tronçon
dans la masse et les secteurs longeant les fronts de taille. Il n'y a pas de
galeries à hagues et bourrages visibles ; on observe cependant par endroit
quelques piliers tournés, inclus dans le mur maçonné.
La majeure partie du maçonnage (95%) est peu spectaculaire : pas d'encorbellement,
peu de belles voûtes finements maçonnées, mais de simples
murs droits en pierres cimentées. Signatures et dâtes inscrites
sur certains de ces murs fixent ces travaux de consolidation à l'année
1930. Il se peut que ces travaux n'aient pas été réalisées
par l'IGC mais par une société privée extérieure
: deux plaques émaillées, ovales et blanches de fond, portent
un nom qui pourrait bien être celui de cette société ("Busato").
Ll'ensemble des galeries comporte de nombreuses plaques émaillées
bleues (probablement elles-aussi des années 1930) portant trois type
d'indications : des directions (Arcueil, Paris, escaliers) ; l'orientation des
axes (central, axial, Est,..) ; une numérotation allant de 1 à
plus de 60, en direction du S-E.
Deux endroits témoignent encore des travaux de consolidation effectués
par l'IGC en 1864. Il s'agit de deux murs finement appareillées comportant
deux plaques gravées ; elles mentionnent dâte, nom de l'Inspecteur
Général des Carrières d'alors ("C.F."), et profondeur
en mètres sur l'une d'entr-elles (11,60 m).
L'ensemble du réseau s'échelonne sur les trois niveaux d'exploitation
du calcaire grossiers. Exploitations en piliers tournés et à hagues/
bourrages étagés "cohabitent" ici. Conséquence
de cette intense exploitation, d'énormes travaux de consolidation furent
nécessaires pour stabiliser les sous-bassements au niveau de Gentilly
: on y observe aujourd'hui un véritable damier de hautes voûtes
de consolidation (4-5 mètres de haut), impressionnant !
Partant du puits de la gare de Gentilly, on observe également les traces
d'un ancien réseau de communication télégraphique, avec
notamment des bobines de porcelaine. Ce puits porte le nom révélateur
de "puits messageries". Ce réseau de communication part ensuite
en direction du S-E ; il dâte vraissemblablement des années 1930-1940
(période d'occupation ?).
Très peu de tags sont présents ; le dernier dâte de 1991,
année probable de fermeture du puits d'accés. Signalons que deux
injections barrent l'extrémité S-E du réseau ; les cartes
IGC indiquent qu'il y avait au delà un secteur à 3 galeries parallèles,
étagées sur 2 niveaux. Mais le risque d'effondrement de l'ensemble
face aux intenses et incessants ébranlements des RER, ont duent rendre
nécessaires la sécurisation de ces cavités par injection.
Pour conclure, je résumerai ainsi l'histoire de ce
réseau :
1) une première phase d'exploitation par piliers tournés avec
entrée probable en cavage (XIIIème siècle ?) ;
2) une deuxième phase d'exploitation par hagues et bourrages jusque vers
les années 1860 ;
3) la confortation par l'IGC en 1864 (contemporaine des dernières exploitation
?) ;
4) la dernière phase de consolidation en 1930 (peut-être par une
société privée ?) ;
5) l'aménagement d'une ligne télégraphique souterraine
partant du puits messagerie (sous Gentilly, années 30-40) ;
6) sécurisation de la partie sud-est, par injection.
Pour aller plus loin :
Marc Gayda, dans l'Atlas du Paris souterrain (p.188), nous livre des explications
en adéquation avec nos observations : la quasi-totalité des confortations
auraient été effectuées en 1930 afin de consolider les
soubassements de la future ligne souterraine de Sceaux (celle-ci, entre les
gares de Cité-Universitaire et de Gentilly, était jusqu'alors
aérienne). Ils durent ainsi stabiliser des carrières qui, par
endroit, étaient étagées sur 2-3 niveaux.
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