Le
Puits de Bicestre
Beaucoup de légendes et de fausses idées circulent
à propos des "mystérieuses" cavités situées
sous l'actuel hôpital de Bicêtre. Les choses en réalité
sont forts simples. Afin de satisfaire aux besoins en eau de l'ancien hospice
de Bicestre construit sous Louis XIII, un énorme puits fut foncé
et aménagé entre 1733 et 1735 par Boffrand (ancien élève
de Mansart) ; il plongeait 57 mètres plus bas dans les eaux de la nappe
alluviale de Bièvre. Entre sa dâte de mise en fonction et son arrêt
(en 1903) les systèmes utilisées afin de remonter l'eau furent
: un manège à chevaux ; des hommes (en particulier des épileptiques
internés) ; une machine à vapeur. Les eaux étaient ensuite
dirigées vers un grand bassin réservoir tout contre ; celui-ci,
de forme rectangulaire, est remarquable par la qualité des voûtes
et des piliers qui le compose. Subsiste à l'intérieur du puits
un système de descente (reste de paliers et d'échelles en fer
plus que rouillés) ; il était destiné aux équipes
en charge du currage du font de puits.
Autre élément, c'est la présence dans le secteur d'anciennes
carrières souterraines de calcaire grossier. Elles sont à rattacher
à toutes celles qui bordent la Bièvre entre Paris et Arcueil.
Certaines ont probablement fourni les pierres de l'hospice de Bicestre. Quoiqu'il
en soit, elles ne communiquent en aucune façon avec le puits à
eau de Bicêtre (elles sont d'ailleurs à une profondeur moindre,
une trentaine de mètres). De forme circulaire caractéristique
des carrières isolées à hagues et bourrages, elles sont
situées sur la bordure Ouest de l'actuel Hôpital (le secteur de
la fac à d'ailleurs été injecté en 2001) ; encore
partiellement accessibles elles seraient sujettent à des effondrements
(je mets à ce propos mes compétences de géologue au service
des responsables qui souhaiteraient le vérifier).
Autre et dernier élément, un canal d'évacuation des déjections
de l'hôpital fut aménagé à la fin du 18ème siècle par Charles
Viel de Saint-Maux, architecte de l'hôpital général entre
1784 et 1789 ; Cet égout collectait les déchets et les acheminaient vers
2 carrières consolidées par d'épais murs de meulière (à quelques centaines
de mètres au Nord de l'hospice). Je pense qu'il s'agit de celles situées
aujourd'hui sous une crèche, rue Pierre Curie ; elles sont aujourd'hui inacessibles
en raison des consolidations des soubassements de l'école et du périphérique.
On soupçonna cet égout d'être à l'origine des pollutions
qui affectèrent en 1833 les puits à eau proximaux.
Je tiens à remercier Messieurs Clément et Paire pour leurs précieuses explications.
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